'You fit me better than my favourite sweater.'

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Il est pas encore venu chez moi. J’ai pas envie qu’il vienne chez moi. J’ai pas envie qu’il voie ma famille de zombies défoncés aux médocs. Surtout Mom. Aujourd’hui, je lui ai avoué qu’elle est tarée. Qu’elle sent souvent l’alcool et qu’elle est tout le temps un peu à l’ouest. J’ai glissé dans le tas que tous les membres de ma famille sont dépressifs, qu’il se prépare un peu psychologiquement. Les gens ne voient pas tout ce qu’il y a derrière cette apparence de famille soudée. Notre passé de merde. Nos troubles psychologiques. Nos problèmes d’addictions à l’alcool, aux drogues et aux médocs. Nos proches qui meurent les uns après les autres.

Mon frère Aaron est parti. Ma soeur Caro aussi. En clinique psychiatrique. Ça faisait un moment qu’elle parlait d’arrêter de vivre. Ma soeur, elle n’a jamais été heureuse. Même gamine, sur les cassettes vidéo et les photos, elle fait la gueule. Elle est ailleurs. Le regard vide. Ça n’a pas changé depuis. Pauvre Caro. Caro, la vie ne l’a pas épargnée. Et, malgré ça, elle a quand même choisi de dédier sa vie aux enfants handicapés. Caro. Je suis rassurée de savoir qu’elle est enfin entourée de médecins. Parce que si ma grande soeur décidait d’en finir avec la vie, je ne pourrait pas continuer à vivre. Je la suivrais droit derrière. Je la rejoindrais. Et j’en ai pas vraiment envie. J’ai pas fini. J’ai pas fini ma petite vie.

Moi, je vais bien. Je vais putain de bien. Sauf l’angoisse des cours. Pas des cours en eux-mêmes. J’ai du plaisir à y aller. Mais plutôt l’angoisse de l’échec. De devoir recommencer encore une fois. De stagner. De continuer à stagner. J’ai envie d’avancer. J’ai envie de bosser. De vivre seule. Ou avec Josh. On en a déjà un peu parlé, d’ailleurs. Après deux semaines de relation. C’est pathétique, l’amour naissant. Mais c’est chouette lorsque c’est à moi que ça arrive. Il m’a dit qu’il veut partir de chez sa mère. Trouver une formation payée. Trouver un appart. Trouver un coloc. 'Sauf si toi, tu veux venir vivre avec moi.', il m’a dit. Ce serait pas pour tout de suite. Pas avant juillet 2013. Faut voir. Faut voir si on est toujours ensemble. Faut voir si on peut encore se supporter. Je sais que ce n’est pas une chose sûre. Je sais qu’il y a de fortes chances pour que ça n’arrive jamais. Mais ça me plaît de savoir qu’il veut un futur avec moi.

Je vais bien.