'On ne trouve de bon dans la vie que ce qui la fait oublier.'

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Quel weekend bizarre. En Suisse, c’était férié aujourd’hui. Ce qui fait que j’ai passé les trois derniers jours chez Josh. On est sortis à Genève, à Montreux, à Lausanne. Un soir, j’étais pétée et j’ai raconté à Josh pourquoi je me suis fait arrêter à seize ans. Ça faisait des semaines qu’il insistait pour que je lui dise. Mais cette histoire est tellement violente et dure à raconter que je n’ai pas réussi à la lui dire en étant sobre. Je regrette de lui avoir dit. Puis, un autre soir, après que le club dubstep ait fermé, on est tous allés se poser à la caravane d’un ami. Et cette fille, qu’on n’avait jamais vue avant, la trentaine, sobre, est venue vers Josh et moi. 'Excusez-moi de vous déranger, mais je dois vous dire que je crois beaucoup aux énergies, et je suis capable de voir que, vous deux, c’est hyper fort ce que vous dégagez. Vous êtes vraiment faits l’un pour l’autre.' Puis elle est repartie. C’était bizarre. Surtout que Mom, qui croit aussi beaucoup à ce genre de choses, m’a dit exactement pareil. Ca nous a un peu secoués, Josh et moi. A partir de ce moment-là, on a commencé à parler de nous deux. J’étais un peu bourrée. On a fait un pari. Si il me dit qu’il m’aime en premier, il doit me faire un cuni. Si je lui dis que je l’aime en premier, je dois le sucer. Dans le quart d’heure qui suit. Peu importe où l’on se trouve. J’ai failli le lui dire hier soir, après qu’il m’ait donné orgasme sur orgasme, sans une seule fois penser à son propre plaisir. Il est très généreux à ce niveau-là. J’ai réussi à me retenir de lui dire 'je t’aime', mais c’était dur. A la place, j’ai eu un rire nerveux.Je crois qu’il a compris. D’ailleurs il est sûr que je vais perdre le pari. C’est peut-être le seul défaut que je lui trouve : il sait qu’il est beau. Il sait qu’il est sexy. Il sait que beaucoup de filles sont amoureuses de lui. Il me l’a dit. 'A lot of girls hate you now, Jewel.' J’ai de la compétition. Mais sur toutes ces pétasses qui lui tournent autour, c’est moi qu’il a choisie.

Je me sens tellement bien que je me sens un peu mal. C’est dur à expliquer. J’ai tellement l’habitude d’avoir un truc à régler, des soucis en tête, un deuil à faire, que quand je vais bien, il y a comme un vide à l’intérieur de moi. J’ai l’impression de ne pas avoir de but. C’est pour cette raison que j’ai rompu avec Francisco en janvier. Tout allait trop bien, et je me faisais chier. J’ai besoin de rebondissements. De drama. D’assiettes qui volent à travers la maison. Sinon je dépéris. Je finis toujours par m’emmerder. M’emmerder d’un pote. M’emmerder d’un mec avec qui je suis en couple. C’est pour ça que je sais que je ne me marierai jamais. Je ne pourrai jamais passer plusieurs dizaines d’années avec la même personne. Au bout de six mois, je suis généralement déjà en train d’aller voir ailleurs. Je dis que c’est l’alcool qui me rend infidèle. En réalité, c’est la monotonie.

Il n’est même pas 19h30 et pourtant je vais aller me coucher. J’ai dormi douze heures en trois nuits.