Jewel

Deny.

'L’homme jouit du bonheur qu’il ressent, et la femme de celui qu’elle procure.'

J’ai horreur de ça. Quand il mate des autres filles. Alors que je suis à côté. Des petites meufs de seize ans. Avec leurs faux cheveux blonds. Leur faux sac Louis Vuitton. Leurs faux ongles. Leurs faux seins, parfois. Je le fixe jusqu’à qu’il tourne à nouveau la tête vers moi. Il croise mon regard et baisse les yeux. Je lui lâche la main. Je déteste ça. Je sais qu’il est dans la nature humaine de regarder les belles choses. Mais dans ces moments je me sens moche. Je me sens trop naturelle et vraie pour qu’il me regarde de la même manière. Les hommes s’en foutent du faux. Ils ne veulent même pas le savoir. Ils veulent juste admirer le résultat. J’ai abusé aujourd’hui. On était dans un parc d’attraction en Allemagne. Quatre heures de route. Les Allemandes sont belles. Les Allemandes m’ont pourri ma journée. On a croisé plusieurs fois la même fille. Blonde aux racines noires. Grosses lunettes de soleil imitation Gucci (goût d’chiottes). Décolleté. Petit short. Il n’en décollait pas les yeux jusqu’à ce qu’elle disparaisse dans la foule. La quatrième fois, j’étais extrêmement tendue. 'Tu veux pas lui demander son numéro, qu’on en finisse ?' Les hommes nient. Les hommes veulent nous faire croire que c’est nous les plus belles. Sans succès. Il était tellement embarrassé d’avoir été grillé qu’il a feint la colère. Il a mis la faute sur moi. Comme quoi je suis trop parano. Comme quoi je suis trop jalouse. J’aurais dû me taire. Notre première prise de tête. Je considère ça comme un manque de respect. Il me tient par la taille mais louche sur le corps des filles qui passent. Les femmes sont rancunières. J’ai agis comme lui. J’ai regardé avec insistance chaque beau gars. Gamine, moi ? Le problème, c’est que les Allemandes sont beaucoup plus belles que les Allemands. J’ai tout de même trouvé plusieurs hommes dont Francisco aurait pu être jaloux. Par rapport à qui il aurait pu se sentir inférieur. Plus de muscles. Plus grands. Mieux habillés. Ça l’a tendu. Mais il n’a rien dit. Les hommes sont fiers. Je crois qu’il a compris le message. La prochaine fois, il prendra des lunettes de soleil pour pouvoir regarder où il veut.

Le festival approche. Une semaine de débauche. Une semaine qui se résume à faire ce que l’on veut. Manger quatre plats différents chaque soir. Boire énormément. Fumer des clopes. Fumer des joints. Danser sur de la musique de taré. Rentrer à six heures du mat complètement caisse. Dormir jusqu’à quinze heures. Soigner sa gueule de bois. Puis recommencer le soir suivant. Pendant une semaine. Ça va être de la folie.