Do you hear the bullet that kills you?

J’ai pleuré aujourd’hui. Dans le centre pour les drogués. Dans un fauteuil en cuir. Dans ma jupe en cuir. En face du psy, qui ne savait plus quoi dire. Il faisait semblant d’écrire. Il regardait mes jambes. J’étais mal à l’aise. J’étais fatiguée. J’étais défoncée. Je lui ai avoué que j’avais recommencé. Que je fumais tous les jours. Que je fumais seule. Quand on fume seul, on est foutu. On est dépendant. On est un drogué. Je lui ai dit que j’allais bien. Puis j’ai pleuré. Un peu. Juste quelques larmes. 'Vous n’avez pourtant pas l’air très épanouie.' Je crois que je déteste simplement parler de moi et de mes putains de problèmes. J’ai la weed pour les régler. Du coup je ne sais plus comment parler. Je ne supporte plus d’être écoutée. J’ai l’impression d’être une faible. Je n’ai pas besoin d’être secourue. J’avais soif en sortant. L’impression d’avoir pleuré des litres. J’ai bu une bière dans un petit café à côté de l’arrêt de bus. Seule. Au bar. Comme une cinquantenaire déprimée. Un vieux dégueulasse voulait s’asseoir. Je lui ai dit d’aller se faire foutre en russe. Il a froncé les sourcils puis est parti. Un chien venait renifler mes Nike Dunk et poser sa tête sur mes genoux. J’ai encore l’odeur sur les mains.

J’ai passé une bonne journée. Deux heures pour manger à midi. J’étais avec Maeva, Aude et Maria. Posées au bord du lac. Au soleil. Sans veste. Un joint à la main. On a écouté du dubstep. On était arrachées. J’ai cru que j’allais bader. Ces filles me font rire. Elles ont énormément d’humour. Et quand tu es défoncé, tout est encore plus drôle. Maeva veut arrêter l’école. Elle n’y arrive pas. Elle veut bosser. Gagner de l’argent. Etre indépendante financièrement. En restant dépendante de la weed. Comme moi l’année passée. Ça ne m’avait pas réussi. J’ai réalisé que je n’étais pas prête à travailler. Qu’il n’y rien de mieux que les études. Maria, qui la suit comme un caniche, veut bizarrement aussi se barrer. Ça me fait rire.