Crushing.
Ce n’est pas en tuant ses parents que l’on devient adulte, mais en tuant l’enfant de ses parents, une cible beaucoup plus difficile.
Ma relation avec Mom est catastrophique. Ma famille n’en peut plus. Dans ma tête, c’est elle qui a tort. Sur toute la ligne. Mais c’est faux. Je suis celle qui rentre défoncée tous les jours. Le Red Bull ne sert à rien. Le parfum non plus. J’ai l’air d’un cadavre et je pue la drogue. J’ai maigri. Je ne suis plus mon régime hypercalorique. J’ai un test de maths et je ne travaille pas. Je manque à nouveau les cours. Sans raison valable. Juste parce que je suis crevée, à force de ne pas dormir la nuit. Puis la weed me fatigue. Mom est sur mon dos, ça me fatigue aussi. Normal, je suis la petite dernière. J’ai beau être majeure, je serai toujours son bébé. En même temps j’agis comme un bébé. Je pleure. Peste. Râle. Manque totalement de responsabilité. Je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Je l’ai mérité. J’ai perdu sa confiance il y a des années. Quand j’ai commencé à me rebeller. A faire n’importe quoi. Elle a toujours fini par savoir où j’étais. Ce que je faisais. Ce que je fumais. Qui je baisais. Je me sens étouffée. Je suffoque. Mom n’est pas censée tout savoir de mes amis. De mes heures de rentrée. De ma vie sexuelle. Je suis majeure et ça, elle ne l’a toujours pas compris.
Je culpabilise. Je n’ai jamais culpabilisé pour quoique ce soit auparavant. Je culpabilise d’être une mauvaise fille aux yeux de mes parents. D’avoir abandonné l’école. D’être tombée enceinte et d’avoir avorté à seize ans. De m’être fait arrêter. De m’être fait tatouer. D’avoir fait un faux témoignage chez les flics. De m’être fait virée de mon job. De leur avoir menti. De leur avoir volé. D’avoir triché. Et finalement, d’être tombée dans la drogue. Je n’ai pas voulu tout ça. Je vois la déception dans leurs yeux quand ils me regardent. Leur préoccupation et leur inquiétude. J’ai honte. Honte de leur rendre la vie aussi dure. Leurs rides et leurs cernes s’accentuent au fil des jours, des années. Voilà maintenant quatre ans qu’ils s’en prennent plein la gueule. Et le pire, c’est que je suis méchante avec eux. En plus de tout ça.
J’aimerais quelque chose. J’ai besoin de quelque chose. Il me manque quelque chose. J’ignore quoi. Je ne suis pas heureuse. Je me réfugie dans la drogue. Qui me rend encore plus malheureuse. Je suis coincée dans ce cercle vicieux et j’ignore comment en sortir. Le psy dans mon centre pour camés m’a une fois dit : 'Ce n’est jamais de notre faute si l’on tombe dans l’addiction. Le mot 'tomber' n’est pas choisi par hasard. Ça nous 'tombe' dessus, et ça nous écrase.' Ça m’aide à culpabiliser un peu moins.
Cet écrit n’est pas fini. Écrit à l’arrache. Bordélique. Comme ma tête en ce moment.