Doggystyle.
'To escape criticism : Do nothing. Say nothing. Be nothing.'
Maeva se barre. L’art ne l’intéresse plus. Maeva, c’est la Londonienne camée qui n’aime personne à part sa weed. Comme moi il y a quelques temps. Maeva, elle va me manquer. Je ne vais plus la voir. On est pas assez proches pour qu’on en ait quelque chose à foutre l’une de l’autre. On n’a plus la drogue qui nous lie. On traînait juste ensemble, à se plaindre de nos mères et de la vie. Elle va travailler. Un vrai boulot. Un truc avec du marketing et des calculs. Un truc chiant. Elle ne va pas y arriver. Elle ne va pas tenir là-bas. Elle est loin d’être conne mais la beuh lui lobotomise le cerveau. Je l’ai vue une seule fois depuis qu’elle est partie. Maria et Aude étaient là aussi. Elles ont fumé un pèt. J’ai pris quelques barres. J’ai dû résister pour ne pas continuer à tirer. Aude avait les yeux déchirés, as usual. On a fini au Mc Do à bouffer des cheese. Les employés parlaient de nous. Quatre jolies filles aux yeux éclatés, les gens adorent. Ça leur fait un sujet de conversation.
La famille de Francisco est horrible. Moqueuse. Méchante. J’étais à un repas de famille, à l’occasion de l’anniversaire de sa mère. Personne n’a parlé en français. J’étais là, comme une conne, au milieu de tous. Entourée d’une quinzaine d’Espagnols. Étourdie par cette langue agressive que je ne comprends pas. Rien à voir avec l’italien que je parle couramment. Ses oncles bourrés faisaient des réflexions déplacées. Francisco me regardait, l’air désolé, et me disait : 'T’as pas envie que je te traduise ça.' Ils se foutaient de ma gueule. Sans me parler une seule fois pendant la soirée. Ils éclataient de rire en me regardant. Francisco m’a dit plus tard qu’ils parlaient de baise. Que mes longs cheveux étaient pratiques pour la levrette. Des trucs du style. Je n’ai jamais été aussi mal à l’aise. Je me suis sentie seule. Tellement seule. Francisco et sa mère n’arrêtaient pas de s’excuser. L’alcool m’a donné envie de pleurer. J’ai pleuré. Quelques larmes. Dans la pénombre du balcon. Une clope à la bouche. Quand Francisco ne pouvait pas voir mon visage. Je me suis barrée. On n’en était qu’à l’apéro mais je n’aurais pas supporté de rester. J’ai dit au revoir à ses parents. La famille a ri une dernière fois. Au moment de passer la porte, j’ai fondu en larmes. Je me suis sentie humiliée, et l’alcool a amplifié ma tristesse. J’ai pleuré tout le trajet. J’ai rejoint Natalie et Karina. On est allées au Mc Do car au final, je n’avais toujours pas mangé. J’ai croisé Bento, Helio et Samuel. Les potes de Francisco avec qui je m’entends très bien. Je leur ai raconté ma soirée de merde. Ils voulaient tous bouger en boîte mais je n’avais pas la tête à m’amuser. Je suis rentrée. Ma musique dubstep à fond dans mes headphones.