'Une femme a toujours, en vérité, la situation qu’elle impose par l’illusion qu’elle sait produire.'
- Maupassant

Cet abruti de Francisco me veut. Après m’avoir brisé le coeur et laissée sans nouvelle pendant une semaine et demie, il m’a finalement envoyé un message. Des messages. Dans lesquels il me dit qu’il s’attache à moi. Que je lui plais énormément. Qu’il veut une relation sérieuse. Faut savoir ce que tu veux, dumbass. Je suis furieuse. Triste. Et intriguée. Il veut qu’on boive un verre ensemble quand il rentre à Genève. Vendredi. Je suis dégoûtée. Et contente de moi en même temps. Après qu’il m’ait envoyée chier, j’ai tout fait pour le lui faire regretter. Je n’ai pas joué la fille désespérée. Pas mon genre. Pas mon genre de me lamenter pour un mec. Pas mon genre d’attendre patiemment à côté du téléphone, pleine d’espoir, qu’il change d’avis. Au contraire. Après quelques jours de Big Bang Theory, d’appels à Natalie, de pathétiques lamentations sur ce site, et de litres de bières pour remplacer ma weed, je suis enfin sortie de mon lit. J’ai éteint mon natel (portable, pardon. Hopp Schwiiz.) Je suis sortie. J’ai bu. J’ai couché avec un magnifique mec, Hugo. J’ai vu mes copines. Je me suis amusée. Je ne l’ai pas appelé. Je n’ai pas mis mon habituel <3 à la fin du seul et unique message que je lui ai envoyé. J’ai été désinvolte au téléphone. Insouciante. Un peu sèche, aussi. Mais pas trop. Juste assez pour lui donner envie de me courir après. Et ça a marché. Evidemment que ça a marché. Ça marche toujours avec les hommes trop stupides pour se rendre compte qu’on joue un rôle. Comme le dit Maupassant. Ils veulent chasser. Ils n’ont que très peu évolué. Ils ne se soucient pas de ce qu’ils ont d’acquis. Ils veulent ce qu’ils n’ont pas. Francisco veut ce qu’il n’a pas. Ce qu’il n’a plus. Moi. Je voulais qu’il me regrette. Gagné. Il ne me reste plus qu’à écouter son petit discours rempli de regrets, mêlé à un semblant de pathétique séduction. Puis je prendrai ma décision. Est-ce que je veux être avec quelqu’un qui m’a déjà déçue et blessée ? Qui est assez con pour être tombé dans mon futile petit jeu ? Suis-moi je te fuis, Francisco. J’ignore si je le veux toujours. J’ignore si il me plaît toujours. Je voudrais lui dire qu’il a manqué sa seule et unique chance d’être un jour avec moi. Comme je l’avais dit à Nay quand il est revenu pleurer vers moi. Mais Francisco, c’est différent. C’est différent car je ressens de véritables sentiments pour lui. Et je ressens rarement quoi que ce soit. Je m’interdis de boire trop vendredi. Afin de ne pas tomber dans ses bras comme une merde.