Jewel

Polygamy.

'Tant que tu seras heureux, tu compteras beaucoup d’amis. Si le ciel se couvre de nuages, tu seras seul.'

Je ne vais pas bien. Je ne vais pas bien car je suis seule. Natalie, suite à notre cuite au vin blanc de hier soir, s’est barrée en France aujourd’hui. A part elle, je n’ai pas d’amis.

Maeva, Aude et Maria ne m’ont pas appelée. On est potes seulement en cours. En dehors de l’école, je n’ai aucun contact avec elles. Jamais. Depuis que je ne fume plus de weed. Jamais. Nos fragiles liens d’amitié se sont brisés du jour au lendemain. Aucun sms. Aucun appel. Aucune amitié entre elles et moi. Je sais qu’elles se voient tous les jours. Pour fumer. Fumer. Se défoncer la gueule et faire semblant d’aller bien. J’ai malheureusement été rattrapée par la dure réalité. Je crois simplement être devenue adulte. Elles en sont encore loin. Elles m’ont donné l’espoir il y a quelques temps que je pourrais être leur amie sans la weed. Un faux espoir. Je pensais avoir fait le deuil de notre éloignement. Ce n’est en réalité pas le cas.

Val m’a appelée. Val, c’est mon meilleur ami. C’était mon mon meilleur ami. Depuis qu’il nage dans le bonheur avec sa chérie, il me donne la gerbe. Je ne le vois plus que deux fois par an. Alors qu’il habite près de chez moi. Val, c’est un bon gros Valaisan avec qui je me bourre la gueule à la bière. Il m’a appelée car il m’a vue de loin samedi. Quand j’étais avec Francisco. Quand il me disait qu’il ne voulait pas être dans une relation. J’espère pouvoir voir mon Val bientôt. Avant que je meure de solitude. Devant ma télé. A regarder Tellement Vrai et à bouffer des chips au vinaigre.

Francisco. Je le hais. Je l’aime. Je déteste le fait qu’il ne soit pas là. Qu’on ne puisse pas discuter. Discuter de mon envie de relation avec lui. De sa putain de polygamie à la con. Je veux être avec lui. Tout me plaît chez lui. Il devient une obsession. Chaque jour, j’espère recevoir un message de sa part. Un appel. Même si je sais que ce n’est pas possible. Il a laissé son téléphone en Suisse. Si seulement j’acceptais d’avoir cette merde de Facebook. Je lutte pour être anti-conventionnelle. Ne pas être un putain de mouton. Et ça me retombe dessus. C’est bientôt son anniversaire. 17 ans. Dix-sept ans. Il est trop jeune. Je devrais fuir mais je m’accroche. Je n’arriverai jamais à l’envoyer chier s’il change d’avis. Je n’y arriverai pas. Je suis trop amoureuse pour le laisser filer. Je suis trop malheureuse pour rester seule.