Jewel

Growing up.

J’vais bien. J’me sens bien. J’ai compris plein de choses ces derniers temps. J’ai compris qu’avoir une vie sociale riche n’est pas important. Qu’être populaire l’est encore moins. Que s’adapter aux autres pour bien se faire voir est ridicule. Qu’on n’a pas l’air con quand on est seul. Qu’on s’en fout de notre nombre d’amis. Qu’on en a rien à battre que les gens vous mattent de la tête au pieds.
J’ai accepté le fait d’être une fille solitaire. D’avoir besoin d’être seule de temps en temps. De ne pas essayer de ressembler à quelqu’un. De ne pas essayer de ressembler à tout le monde. D’être un peu différente, en quelque sorte. Je n’ai pas besoin de savoir les noms des gens populaires. Je n’ai pas besoin de prendre en compte le jugement des pétasses qui parlent de moi. Je n’ai pas besoin d’iPhone ni de Facebook. Je suis d’ailleurs fière de n’avoir ni l’un ni l’autre. Car je n’ai pas besoin d’être en contact permanent avec les gens. Je n’ai pas besoin des gens. Je n’ai besoin de personne pour me valoriser. Je n’ai plus besoin de venir écrire ma vie ici. D’avoir votre soutien. Car je sais désormais que je vaux quelque chose. Car je sais que je ne peux compter que sur moi-même. Car je vais bien. Tout simplement. Je m’en sors bien. Se voiler la face, c’est fini. Prétendre être quelqu’un que je ne suis pas, c’est fini. La drogue, c’est fini aussi. J’ai compris. J’ai compris que les gens sont des cons et que seuls les vrais amis sont précieux. J’ai compris que l’avis des autres n’est pas important. Que ce que l’on pense de vous n’est pas important. Que ce que l’on dit de vous n’est pas important. Que l’essentiel, c’est de rester fidèle à soi-même quoi qu’il arrive. L’important, c’est d’oser porter ce qu’on veut, parler comme on veut, bouffer ce que l’on veut et traîner avec qui on veut. L’important, c’est de faire ce que l’on veut, sans avoir peur du regard des autres. De croire en soi-même. De gueuler haut et fort qu’on est magnifique et qu’on a autant de valeur que n’importe qui. Je pensais jusqu’à y a pas longtemps que ces mots étaient un pur cliché. Puis j’ai compris que c’était simplement la vérité. J’ai compris. J’ai compris que j’ai perdu mon temps en m’apitoyant sur mon sort. J’ai compris que je suis la seule personne à pouvoir faire bouger les choses dans ma vie. J’ai compris que c’est pas si dur d’aller bien.

Il y a un tag, écrit en rose, devant lequel je passe tous les jours. Sur un mur près de la gare de Genève.
'LIFE CAN BE SO EASY.' Ça me fait beaucoup réfléchir à chaque fois.

J’ai déménagé en Suisse il y a maintenant six ans. J’ai rencontré mes meilleures amis. J’ai commencé la clope. J’allais plutôt bien. Mais je suis tombée amoureuse. Puis en dépression. Puis dans la drogue. Je me suis fait frapper, violer, avorter. J’ai pris certains événements de ma vie comme une occasion d’être malheureuse. De me faire plaindre. Et, du coup, de ne pas me donner à fond. J’ai joué la victime pendant des années au lieu de me bouger le cul pour faire changer les choses. J’ai bientôt dix-neuf ans. J’ai beaucoup grandi en quelques mois. J’ai enfin réalisé que je suis majeure. Que la vie, c’est dur. Que la vie, c’est chiant. Mais qu’il faut faire avec. Qu’on a pas le choix, de toute façon.

Je vais bien. C’est l’essentiel.