Jewel

Wrists.

J’étais seule chez moi. Ma famille était en Espagne. J’avais dû rester à la maison à cause de l’école qui avait déjà recommencé. C’était en septembre. J’avais rompu avec Lucas quelques semaines avant. Couché avec James la veille. C’était horrible. Je n’aurais pas dû. Je m’en voulais. James est le meilleur ami de mon frère. Ca m’a rendu malade. La crève. Je suis sûre que ça avait un rapport. Je n’allais pas en cours. J’enchaînais les joints, devant des conneries à la télé. Je me rappelle avoir acheté un 100 à Alex. Le pack était noir, avec une feuille de cannabis rouge dessus. Trop beau. Il était sur la table basse devant la télé.
C’était une mauvaise période. Vraiment. Je fumais énormément. Tout mon argent y passait. J’allais mal. Je recommençais mon année. Aucune motivation, que des inconnus et des gamins dans ma nouvelle classe, les premières sales notes. Lucas me harcelait. Il m’appelait dix fois par jour. Il menaçait de se suicider si je ne me remettais pas avec lui. Il taguait des insultes à mon égard autour de chez moi. Les tags ne sont toujours pas partis. Je passe devant tous les matins.
J’ai entendu une moto s’arrêter devant chez moi. Lucas. Il sonnait. Il hurlait mon nom. Encore et encore. Il devait être en crise. Je voulais pas le voir. J’étais seule, personne pour me venir en aide si les choses tournaient mal. Je ne répondais pas. Il continuait à hurler. Je me suis planquée dans la chambre de Chuck. Il y a des portes-fenêtres à côté de la télé. Il aurait pu me voir. Et devenir encore plus fou. Puis, plus rien. Plus de cris. Je savais qu’il était encore là. Je n’entendais pas sa moto démarrer. J’ai entendu un gros bruit venant de l’étage. Il avait réussi à rentrer. J’ai commencé à paniquer. Il a fait toute ma maison. Je ne sais pas ce qu’il cherchait. J’étais cachée, il est passé juste à côté de moi. Il ne m’a pas vue. Il est remonté. Je n’avais plus de batterie sur mon téléphone portable. Je pouvais pas appeler les flics. Mon spray au poivre était dans ma chambre. Fuck.
Je suis sortie de la chambre de Chuck. La weed n’était plus sur la table. Je suis montée. Il était dans ma chambre. J’ai regardé par la porte entrouverte. Il retournait le contenu de mes tiroirs. Au moment où il a allumé mon ordinateur portable, je suis intervenue. Il a sursauté. Je pleurais. J’avais peur. Peur de lui. Peur de sa maladie qui me mettait en danger. Je hurlais. Il essayait de me calmer. Je lui ai craché dessus. C’est ce que je fais quand j’ai envie de tuer quelqu’un, je lui crache dessus, c’est plus fort que moi. Il me tenait par les poignets pour m’empêcher de partir. Coup de genou dans les couilles. Il ne m’a pas lâchée. Même avec mes cours et ma bonne pratique de la self-défense, je ne peux rien faire contre lui. Il est trop grand. Trop baraque. Il a pris une échelle du chantier à côté de ma maison et est entré par ma fenêtre que j’avais laissé ouverte. 'Je suis venu récupérer mes affaires.' Mon cul. Il était là pour autre chose.
'Rends-moi ma weed.'
'Je t’ai rien pris.'
J’ai mis ma main dans sa poche. J’en ai ressorti mon pack. Fucking lying asshole. 'Si dans deux minutes tu ne t’es pas barré j’appelle les flics.' Je me suis enfermée dans les chiottes pour qu’il ne m’en empêche pas. Je l’ai entendu descendre les escaliers. Démarrer sa moto. Partir.

J’ai été choquée. Une fois de plus. J’étais seule. Littéralement seule. J’avais besoin de Mom. De Chuck et de Caro. Je suis encore une gamine. Il m’a fait peur. Depuis, mes volets et ma fenêtre sont toujours fermés. Je ne l’ai jamais raconté à personne.