Pill.
Les pornos et les joints, non, ne me font plus rien. Moi je crache mon venin à la face du destin.
La capote a craquée. On y était pour rien. On avait pas fait les cons. Cette putain de pilule du lendemain à 34 balles. Vive la Suisse. J’étais crevée tout le temps. Mes seins étaient gros. J’étais sensée faire le test le matin, mais je pouvais plus tenir. Y avait Lucas au téléphone. J’ai chialé. 34 balles et ça n’a même pas marché. Je ne me suis pas fait opérée, j’ai pris des pilules à la place. Je les ai gerbées alors j’ai dû les reprendre. L’infirmière était une grosse pute. J’ai eu des contractions. De vraies contractions bien douloureuses, comme à l’accouchement. J’étais complètement pétée aux antidouleurs. Mom était là. C’est dans ces moments-là qu’on a besoin de sa maman. Lucas était à l’armée, c’était une bonne chose. Je n’ai jamais eu autant mal de ma vie.
J’ai vu le foetus dans les toilettes.
Une grosse boule de sang. Je me suis directement sentie vide. Je me rappelle avoir eu froid, très froid.
Ma chambre était à l’étage de la maternité. C’était ça le plus dur. Il y avait des putains de bébés partout. Je les détestais. Ils étaient laids. J’ai gueulé sur une mère dans la salle d’attente qui voulait me réconforter. Qu’elle aille se faire foutre. J’ai toujours détesté les bébés, je les déteste encore plus depuis que j’ai vu le mien dans les chiottes. Lucas et moi on voulait pas que mes parents le sachent. Mon patron de l’époque l’a dit à Dad. Je lui ai craché dessus, il m’a virée.