Barbie.
"An intelligent man is sometimes forced to be drunk to spend time with his fools." - Hemingway
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Troisième jour sans clope. J’arrive toujours pas à y croire. J’ai eu des moments assez durs. Après une bière. En attendant le train. Après les repas. Quand je me fais chier, surtout. Mais ça va aller. J’ai encore du tabac, des feuilles, des filtres. J’ai encore une demie clope sur ma table de nuit. Si je prends une barre, c’est foutu. J’ai envie de fumer. J’ai l’impression d’avoir faim. J’ai l’impression d’avoir beaucoup trop de salive. J’ai envie de fumer. Il faut que je jette tout ça.
Josh est venu chez moi tout à l’heure. Il était sur son téléphone. J’ai aperçu le nom d’une connasse avec qui il sortait. J’ai pas aimé. Surtout qu’on s’était promis de se dire si on avait le moindre contact avec un ex. Pour qu’il n’y ait pas de malentendu. Là, en l’occurrence, il y a eu un malentendu. Une embrouille, carrément. Josh m’a dit plusieurs fois auparavant qu’il n’adressait plus la parole à ses exs. Du coup, je l’ai accusé de m’avoir menti. Normal. Il s’est défendu en disant que c’est elle qui lui a écrit. Que le message datait d’octobre. Octobre. J’ai pas voulu vérifier. J’ai préféré le croire. Je le croyais. Jusqu’à qu’il s’énerve tout seul. Et qu’il commence à parler de moi. De moi et de mes ex-copains. Comme quoi j’ai rien à dire à ce sujet-là. Il a lancé le sujet "Francisco". Il a lancé le sujet "Helio". Il a fait sa crise tout seul, en retournant tout contre moi. Il était tellement offensé, vexé, sur la défensive. Sur la défensive, vraiment. C’est là que j’ai su que y avait un truc louche. Il a commencé à parler de mes exs pour changer de sujet. Parce qu’il me mentait, peut-être. Parce qu’il savait qu’il était en tort. J’ai pas insisté. J’étais tellement crevée et, du coup, hypersensible que j’avais un peu les larmes aux yeux. Ça l’a touché, je crois. Il a fini par s’excuser.
On est tellement jaloux. Pas autant qu’avec Lucas. Impossible. Mais on est tellement jaloux. Ça doit être lui qui m’influence. Parce que Francisco n’était pas du tout jaloux, et du coup moi non plus. C’est Josh qui m’a fait cette théorie, mais j’y avait déjà pensé. Si on arrête pas de s’embrouiller en soirée, c’est parce qu’il y aura toujours un Ken ou une Barbie sur qui on louchera à un moment donné. L’autre le verra. Il commencera à faire la gueule. Et bam, embrouille. C’est lourd. C’est lourd. Surtout qu’en général, c’est ma faute. C’est ma faute parce que, en soirée, je suis bourrée. Donc très facilement irritable. Très facilement drama queen. Je deviens presque méchante, parfois. L’autre soir, je lui ai donné un coup dans les couilles. Je sais plus quoi faire. Je ne peux pas arrêter de boire. Pas encore. C’est triste à dire mais c’est tout ce qu’il me reste. Après la weed puis la clope, c’est tout ce qu’il me reste. En dehors des pilules.
J’ai rêvé de Lucas. J’ai rêvé que j’étais à la plage de Genève avec ma famille. Et qu’il arrivait en voiture, avec des gens à l’arrière. Je monte à l’avant. Le siège ressemble à une selle de vélo. Il est calme. Il est détendu. Il est un peu roots. Bref, il est différent. On parle de nous. Les gens sur la banquette arrière ne sont plus là. Il avoue que, lui et moi, c’était violent. C’était violent à quel point on est devenus tarés. Il s’excuse. On se réconcilie. Puis on se retrouve dans un parc d’attraction. Puis je me suis réveillée. Je me suis réveillée complètement perturbée. Je crois que, même dans un rêve plutôt sympa, il me terrorise. Un vrai traumatisme, ce mec. Un traumatisme.