Jewel

Cocaine.

Ma vie me rappelle parfois Hell. Autant le livre que l’enfer. Je suis une petite bourge incapable de s’amuser autrement que par l’alcool et la drogue. Comme tous ces gens autour de moi. Blasés. Gâtés. Montrant leur richesse par leurs fringues et leurs soirées hype. Rêvant de la american life. Baisant dans les chiottes des boîtes branchées. Je pense à Hell car j’ai pour la première fois lu le livre. Je ne suis pas Parisienne, je suis Genevoise. Genève. Tout respire la thune ici, si on oublie les résidences HLM bien planquées. Afin que les touristes et les hommes d’affaires en séjour ne les voient pas. Les banques. Non ce n’est pas un cliché de la Suisse, c’est bien réel. La thune, toujours la thune. Les rues propres, aussi. Genève. Image de la propreté et de la classe. Mytho. Genève, c’est weed la journée et coke la nuit. C’est des filles ne jurant que par les grandes marques et méprisant le bas-peuple. C’est des hommes d’affaires dopés, donnant leur vie à leur banque privée et leur salaire élevé. Comme Dad. Dad parle avec nous avec de la thune. 'Je sors'. Il me tend un billet de 20. Avec qui, où, comment je rentre, tout ça il s’en fout. Il pense avoir réussi sa vie grâce à sa fortune. Dad est devenu alcoolo et frappait Mom avant qu’il se tourne vers les conneries de l’Eglise pour se faire pardonner. Moi j’ai honte d’habiter ici. Moi je ne m’habille pas en Louis Vuitton et Louboutin. Vous comprenez pourquoi on me regarde de travers dans mon école ? Parce que je suis entourée de pétasses vivant pour leur thune. Je veux pas leur ressembler. Je veux pas ressembler à Mom qui s’habille comme une ado. Abercrombie & Bitch. Je m’entoure des gens comme moi. Des gens qui espèrent ne jamais tomber dans les clichés de la bourgeoisie. 75% des jeunes finiront banquiers ou gérants de fortune. Moi je suis en art. Yves Saint-Laurent, Louboutin, Chanel, Dior, Louis Vuitton et toutes ces merdes trônant sur la Rive Gauche. Ces filles de quinze ans qui en sortent, plus fières que jamais. Je pourrais m’habiller là-bas. Mais hors de question. Je ne suis pas une fille à papa.

Malgré ce que je dis, je suis une hypocrite. Parce que j’use et j’abuse de l’argent de Dad. En alcool, en clopes, en weed, en MDMA, en sorties. Soirées goa et shrooms au lieu de boîtes et coke. Ça revient au même. C’est juste une manière de cacher ma richesse.
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Je fais le mort, je fais le fier, je fais celui qui existe. Mais dans l’ombre du miroir, je ne vois que du triste. Parano dans les rues, putain je parle seul. Toxico au pognon, je vais droit au cercueil.