Jewel

Sinking.

Il est dans la nature humaine de penser sagement et d’agir d’une façon absurde.

T’as pas d’amis. T’as pas d’amis car tu veux être seule au monde. Seule avec ta weed. La weed est la seule chose que tu apprécies sur cette Terre. Et je trouve ça triste. Je trouve ça triste que tu sois incapable de t’ouvrir aux autres. J’ai cherché à te connaître. A voir au-delà de ta putain de carapace. Je t’ai parlé. Tu m’as parlé aussi. De ton avortement. De Bryson. De ton père. Plusieurs fois, j’ai cru qu’on était devenues proches. Voire amies. Tu te renfermais à chaque fois. En te cachant derrière ta fausse bonne humeur et tes répliques marrantes. Nos voix te dérangent. Notre bonheur te dérange. T’aimes pas le bonheur. T’aimes pas l’affection. T’aimes pas l’amitié. Sûrement parce que tu n’en as jamais fait l’expérience.
T’es une fille intéressante. Tu caches souvent ton mal-être par de l’humour, ce qui te fait passer pour une fille cool et sympa. Tu veux montrer que tu n’en as rien à foutre de tout. De tout le monde. Et tu cherches à t’intégrer en même temps. Tu te fonds dans la masse, mais tu te crois différente car tu t’habilles pas comme les autres. Parce que t’écoutes pas du R&B. Tu te crois au-dessus de toutes ces pétasses, mais tu leur ressembles pas mal finalement. Tu trahis ton manque de confiance en toi en crachant sur la gueule de tout le monde. Avec tout ce noir autour de tes yeux. T’aimes pas les gens. T’aimes pas ta mère. T’aimes pas la vie. Tout ce pessimisme te rend ridicule. Tu essayes de nous faire croire que tu as un fort caractère. Aucune soumission à qui que ce soit. Mais il suffit que Bryson te dise d’arrêter la weed pour que tu lui obéisse. Enfin, que tu lui fasse croire que tu lui obéis, alors que tu te défonces tous les jours, toutes les heures dans son dos. T’es une faible. Une faible. Il a raison. Tu rates ta vie. Comme je rate la mienne. Mais contrairement à toi je n’en suis pas fière. Tu aimes te rabaisser en fin de compte. Tu aimes jouer la pauvre fille en détresse. La victime. Alors que ton seul bourreau, c’est toi-même. Tu aimes être malheureuse. Tu aimes te défoncer pour amplifier ton mal-être. Tu aimes pleurer. Tu aimerais être sauvée, mais personne ne cherche à t’aider. Car toi, tu n’aiderais personne. Tu ne m’as jamais aidée. Tu n’es pas une fille gentille. Tu n’as pas de compassion. Tu n’as aucun sentiment pour personne. Ta meilleure amie Aude n’est qu’une illusion. Elle ne te connaît pas. Elle ne te comprends pas. Tu ne lui as jamais rien dit. Tu n’es pas là pour elle, et ça la rend malheureuse à son tour. Peut-être cherches-tu à transmettre ton malheur aux autres. Peut-être aimes-tu voir les gens pleurer. Ça te rassures. Ça te rassures de voir que tu n’es pas la seule à foutre ta vie en l’air. Tu cherches à foutre en l’air la vie des autres aussi. En incitant Aude à fumer de la weed. En encourageant Maria à continuer. La weed est la seule chose qui nous lie. Tu as peur de te retrouver seule si un jour tu es la seule à encore fumer. Car tu seras vraiment seule. Seule au monde. Seule avec ta weed.
Tu entraînes Maria dans ta chute. Tu l’entraînes car tu sais qu’elle te suivras jusqu’au bout. Maria t’adore. T’idolâtre. Te baiserait les pieds si tu lui en donnais l’autorisation. Maria a toujours les yeux rivés sur toi. Elle attend de voir si tu ris pour rire à son tour. Elle cherche à t’imiter. Je me rappelle quand, au début de l’année, elle s’habillait genre BCBG. T’es arrivée dans sa vie et depuis elle s’habille tout en noir. T’es sa boss. Et t’en profites. Je le vois. Tu la détruis, comme tu te détruis toi-même. T’es une putain d’égoïste. Tu n’aimes tellement personne que tu essayes de couler tout le monde autour de toi. Même moi, tu m’as eue. Tu m’as fait tester plein de drogues que je n’aurais jamais touchées si tu ne m’y avais pas poussée. Tu influences les gens. Tu influences les gens car tu es belle. Mystérieuse. Tu dis des choses intelligentes et perturbantes. Tu donnes envie de t’écouter. De te suivre. C’est comme ça que j’ai recommencé la weed. Pas à cause de toi entièrement. Mais tu étais un facteur de ma rechute. Je ne voulais pas te perdre. Je te perdais car je ne fumais plus. Et tu méprises ceux qui ne sont pas comme toi. Tu ne me parlais plus vraiment. On ne se trippait plus. Je te voyais avec Maria, défoncée, en plein fou-rire. Et moi, j’étais à côté. Nette. Saoulée. Me faisant chier. Vous ne me voyiez même plus. Je devenais presque un peu jalouse de Maria. Je voulais vous retrouver. A nouveau faire partie de la bande. Et tu m’y as encouragée en me tendant le joint.
J’ai réalisé hier, et seulement hier, que t’es pas une fille bien. T’es malsaine. T’es malsaine et je ne veux pas te ressembler. T’as été méchante. Une vraie pute. Tu riais. Je me suis retrouvée seule. Tu t’es foutue de ma gueule alors que j’avais besoin d’aide. Tu t’es moquée de ma faiblesse et de mes problèmes de santé. 'Soigne-toi.' Je me rappellerai de ces mots. J’arrête la weed, et je t’arrête en même temps. J’arrête cette relation glauque avec toi. De toute façon, tu ne comptes pas pour moi. Je sais déjà qu’en arrêtant cette 'amitié', je vais également perdre celle que j’ai avec Maria. Et peut-être celle avec Aude. Elles me manqueront. Contrairement à toi.
Fume, Maeva, fume. Défonce-toi à longueur de journée. Car un jour, tu auras à ton tour une prise de conscience. Mais tu n’auras d’ici là sûrement plus personne pour te venir en aide. En tout cas pas moi.