Jewel

Pain in the ass.

L’absence ne tue l’amour que s’il est malade au départ.

Tellement belle. Particulière. Vietnamienne. C’est drôle, toutes les filles avec qui j’ai flirté étaient asiatiques. Sauf Natalie. Hyper féminine, Nastasya. J’ai jamais compris pourquoi elle avait un prénom russe. Elle était lesbienne. Moi pas. Ça a souvent causé des disputes. 'Arrête de mater ce mec'. Hyper jalouse. Moi aussi. On était explosives. Un plug à chaque oreille. Des petits, donc c’était joli. Elle m’avait avoué qu’elle avait été emo plus jeune. Je m’étais gentiment foutue de sa gueule. Elle était très fine, comme moi. Elle pesait 45 kilos, mais ça ne se voyait pas. Elle avait plus de formes que moi. Elle était déjà sortie avec beaucoup de filles. Moi, elle était ma première. On s’était rencontrées à une soirée dubstep à Lausanne. Amie d’ami. Tellement belle. Une robe noire très courte, décolletée, avec des pierres sur le col. Elle ne portait pas de soutien-gorge. 'Pas confortable.' Au début, j’étais dans le délire 'j’ai bu alors j’embrasse des filles'. C’est ma spécialité. On a passé la soirée ensemble. Puis on est sorties fumer un joint. Elle a roulé à la perfection. On s’est tout de suite vraiment rapprochées. On continuait à s’embrasser. Pour délirer. J’ai paniqué quand elle m’a demandé mon numéro. Elle pensait que j’étais lesbienne, ou tout du moins bi. C’était le cas uniquement avec de l’alcool dans le sang. 'Je viens de changer de numéro, je le connais pas par coeur' j’ai bafouillé. Elle a souri. Elle avait compris que je flippais. Elle m’a proposé qu’on se revoie, juste comme ça, sans arrières pensées. Tourné comme ça, j’ai accepté. On devait prendre le même train pour rentrer. Je suis descendue à mon arrêt. Et elle a continué jusqu’à Lausanne. Quand elle m’a appelée le lendemain, je me suis dit 'et merde'. Une fois sobre, j’étais plus saoulée qu’autre chose. J’avais plus envie. J’ai quand même répondu. Elle m’a proposé d’aller bronzer sur les quais de Genève. Pourquoi pas. On a mangé une glace, fumé un pèt couchées dans l’herbe, bu des bières, critiqué les passants. Elle essayait de se rapprocher de moi. Moi je voulais pas. Y avait des gens autour. Des moqueries et des jugements prêts à tomber. Enfin si, je voulais bien. Mais c’était l’après-midi. J’aurais pas pu mettre ça sur le compte de l’alcool. Elle était drôle, jolie, gentille, extravertie. Elle avait tout pour elle. Et tout pour moi. On est allées pisser aux chiottes. Des chiottes souterraines. 'Ici y a personne. T’es d’accord que je t’embrasse?' Pas romantique, mais j’ai ressenti des papillons dans le ventre. Ça m’a décoincée. On est revenues à notre coin d’herbe en se tenant la main. Tout a commencé là. A ce moment précis. On s’est revues régulièrement. Je commençais à réaliser qu’elle me plaisait. J’avais toujours un peu peur, mais elle me plaisait. On a commencé à coucher ensemble. C’était différent, mais vraiment bien. Elle m’a plu dès que je l’ai vue. Tellement belle. Je l’ai pas dit à ma famille. Jessie, Amanda, Karina. Toutes m’ont regardée de travers quand elles l’ont su. Sauf Natalie. 'Du moment que t’es heureuse, je suis heureuse.' Ouais, j’étais heureuse. Réellement. Mieux, j’étais amoureuse. On était un couple putain de cliché. Resto, ciné, roses. Tout ça accompagné de regards langoureux et de baisers passionnés. Elle gagnait déjà un peu d’argent. Elle m’a fait de putains de cadeaux. On s’est encore plus enfoncées dans le cliché en se 'fiançant'. Pas réellement. Mais on s’est quand même offert des bagues. Les gens autour de nous, ils étaient méchants. On a eu droit à beaucoup de remarques homophobes. Je voulais leur rendre leurs insultes, Nastasya m’a fait comprendre que l’ignorance est le pire des mépris. Nastasya, c’était une chieuse. La pire des chieuses que j’ai jamais rencontrée. Elle était pire que moi. Toujours en train de se vexer. Toujours en train de gueuler. Toujours en train de critiquer. Toujours en train de râler. On s’est beaucoup disputées. Notamment par rapport à mes potes. Mes potes mecs. Elle me disait toujours qu’elle préférait que je la trompe avec une fille qu’avec un mec. 'Un mec, t’as plus de chance de te retrouver en train de baiser avec dans les chiottes.' Totalement vrai. Mais je l’ai jamais trompée. J’étais trop amoureuse. Elle me croyait pas. C’est pourquoi elle aimait pas mes amis. Elle ne voulait jamais sortir avec d’autres gens. C’était elle et moi contre le monde. On était mieux les deux, de toute façon. Mes potes me jugeaient plus que de simples inconnus. Ils n’osaient juste pas faire de remarques. Ça se voyait à leurs regards. A leurs sourires trop crispés. Je me suis énervée quand elle est venue m’attendre à la fin des cours. Je n’arrivais pas à assumer devant ces gens. Elle n’est plus jamais revenue. Moi j’allais la voir de temps en temps. Elle, ça ne la dérangeait pas. Tout le monde autour d’elle savait qu’elle était lesbienne. J’admirais sa capacité à s’en foutre. Je l’admirais tout court. Tellement belle. Nastasya. Elle m’avait accompagnée me faire piercer la langue. Elle comptait énormément pour moi. J’avais besoin de son avis. De ses conseils. On est restées ensemble neuf mois. Elle en avait ras le cul que j’assume pas. Selon elle, je n’étais pas 'dévouée à cette relation'. J’ai encore le message. 'Bah sors avec une lesbienne putain de merde'. Celui-là aussi, je l’ai toujours. Elle m’a répondu que, de toute façon, elle allait partir en Australie pour cinq mois. J’étais pas au courant. Ok, barre-toi. Elle a pas essayé d’arranger les choses. Moi non plus. On était trop bornées. On est restées dans le silence pendant plusieurs jours. Puis on s’est vues. Puis on s’est quittées d’un commun accord. Elle voulait partir. J’avais de plus en plus de vues sur un certain mec. Elle m’a dit qu’elle m’appellerait à son retour en Suisse. On s’est jamais reparlé. Tellement belle.