Jewel

Misery.

Don’t you know, that misery loves company. I heard, that misery was looking for me. Happiness, is a face that don’t look good on me

Je vais, pour une fois, faire ce que l’on fait dans un journal. Raconter ce qu’il s’est passé dernièrement dans ma vie, avec plein de détails inintéressants. C’est fait pour ça en même temps.

Natalie a eu son anniversaire vendredi. On a le même âge maintenant. On se rapproche toutes les deux un peu plus vers la maturité et les responsabilités. Les trucs d’adultes. Les trucs chiants. On n’a pas envie de grandir. Nos seize ans nous manquent. On n’est pas prêtes pour ça. Enfin, je ne suis pas prête. Je rêvais d’être majeure. Maintenant que je le suis, la vingtaine me fait peur. Je n’y suis pas encore. Mais ça se rapproche. On a commencé la soirée avec un apéro géant de le train. Une demi-heure jusqu’à Lausanne, autant dire qu’on était bien éméchés en arrivant. J’avais une robe noire bustier, courte, très jolie. Quinze francs à H&M, mais hush. Je me suis tapé la rue la plus raide de Lausanne, genre 85°, en talons de quatorze centimètres. On est allées dans un club de salsa. Je déteste cette musique. Je préfère la musique qui te déchire la gueule. Avec Amanda, on était réticentes au début. On est restées à la table, à boire des 'Texas' something. Vodka, Gin, Tequila, et un peu de jus de fruits qu’on sentait à peine. Mais les gens dansent tellement bien que ça donne envie de se lancer. Je suis plutôt bonne danseuse. Je ne me vante pas. J’ai dix ans de danse derrière moi. Je sais comment m’en servir pour attirer les regards. Un mec, trente-deux ans selon lui, quarante ans selon moi, m’a proposé de m’apprendre la salsa. Je croyais qu’il était black, en fait il est brézilien. Je ne sais plus son nom. Il dansait super bien. J’ai vite compris le principe de salsa. Ce n’est pas compliqué actually. C’est très répétitif. Il faut juste un peu de rythme et savoir se déhancher. Il a essayé de me choper. Non. Pas assez beau proportionnellement à son âge. Faut un équilibre. Sinon ils sont considérés comme des pervers dégueulasses direct. J’ai rencontré un autre mec, Javier. Je ne sais pas si ça s’écrit comme ça. From Venezuela. Il était sex. Un peu petit à mon goût. Il dansait bien. Tout le monde dansait bien. Sauf Amanda, qui a fait son pilier de bar toute la soirée. J’ai embrassé Javier. Natalie dansait avec le brézilien faux-trentenaire. On a bougé en boîte. Javier n’est pas venu. Tant mieux, je voulais trouver un autre mec, à ma taille. Gabi a dû partir. La boîte était bondée. Une chaleur atroce. J’avais peur de m’évanouir comme la dernière fois. Elena et moi sommes allées enlever nos collants aux chiottes. On n’a rien bu. Trop cher. De toute façon on était tous déchirés. John, le meilleur pote à Natalie, m’a embrassée. Elle ne le sait pas. Je n’ai pas envie de lui dire, j’ignore pourquoi. J’ai croisé Isacco, un pote avec qui j’ai couché l’été passé. J’ai entendu dire qu’il a une copine maintenant. Je suis un peu déçue, il m’a toujours bien plu. On n’est pas restés longtemps. Genre une heure et demie. On a pris le train de quatre heure et demie. Je ne me rappelle pas comment être arrivée chez Elena. Assez pathétique. En me réveillant, 10h, je ne savais pas où j’étais. J’ai eu peur d’être chez un inconnu. Ça ne m’est jamais arrivé, ça me fait peur. Natalie, Elena et son frère regardaient la télé. J’ai emprunté un sarouel et un t-shirt trop grand à Elena et j’ai été prendre le train pour rentrer chez moi. J’ai dormi toute la journée. J’étais un peu hungover, mais ça allait. J’ai oublié mon rendez-vous au fitness. Ils vont définitivement me détester. A 19h, Chuck me réveille. 'Putain mais t’es pas prête?!' J’étais encore au lit. Encore en sarouel. Dégueulasse. Pas maquillée. Je ne me suis jamais préparée aussi vite. A 19h20, j’étais douchée et prête à partir. Je me suis maquillée dans la voiture. Complexe. Chuck m’a invitée au concert de Good Charlotte à Lausanne. J’adorais ce groupe quand j’étais plus jeune. L’époque 'Good Morning Revival'. Je les ai laissés de côté pour de la musique plus hard. Ça reste tout de même un groupe à voir. C’était vraiment bien. On était au deuxième rang. J’ai bavé devant Joel pendant tout le concert. Connasse de Nicole Richie. J’ai touché la main de Joel. Fière. Chuck a chopé un plectre. C’était une petite salle, trop intime, trop chaleureuse. Ils nous demandaient quelles chansons jouer. Ils étaient adorables. Faisaient des efforts pour parler français. Trop mignons. On était à Genève à minuit et demi. Je me suis écroulée dans mon lit. Le concert était intense. Mais j’étais déçue qu’ils n’aient pas joué 'Misery'. Je l’ai attendue toute la soirée.

Aujourd’hui, zombie. Dad nous a réveillés à 6h30 pour partir dans le Jura. Vous voyez les montagnes, les cloches des vaches et les 'moo' qu’on entend au loin, l’accent horrible et tellement cliché de la Suisse ? C’est ça. Le Jura. Quelques oncles, tantes, cousins y vivent. Il y avait une putain de 'messe anniversaire' de merde pour ma Nonna qui est morte il y a dix ans. Tout ce qu’ils ont fait, c’est dire son nom à la fin de la messe. J’ai failli crever. Ça fait cinq ans que je n’étais pas allée à l’église. Now i remember why. Ils enchaînent connerie sur connerie. J’ai pour la première fois remarqué le côté sectaire de l’Église. Y avait un baptême au début. Je me suis dit 'pauvre gosse, tu sais pas dans quoi ils t’embarquent.' Ma grand-mère a failli faire une crise cardiaque quand j’ai refusé d’aller communier. Aaron n’y est pas allé non plus. On est un peu dans la même situation. Ressentant du dégoût envers la religion. 'La paix du Christ.' Bullshit. Grand-Maman prie pour que Mom, Aaron et moi retrouvions la foi. Ha, ha. Mon cousin Guillaume s’est fait débaptisé, j’ignore comment on appelle cela. Ça m’intéresse. Je vais me renseigner. Je ne veux plus faire partie de cette communauté basée sur de futiles mythes introduits il y a deux mille ans par des gens incapables de donner une explication rationnelle du monde.

Javier m’a appelée. Je ne me rappelais pas lui avoir donné mon numéro de téléphone. Fuck.

'Le peuple reçoit la religion sur parole. Il est catholique, comme il serait athée si ses ancêtres l’eussent été. Dieu ressemble à ces vieux meubles qui, loin de servir, ne font qu’embarrasser, mais que l’on se transmet de la main à la main, dans les familles, et que l’on garde religieusement, parce que le fils l’a reçu de son père, et son père de son aïeul.'
- S. Maréchal