Jewel

Slaps.

Je le giflais. Il le méritait, à l’exception d’une fois. Il s’était retourné dans la rue sur une fille. Il l’avait fait pour me faire chier, je le savais très bien. Dans ces cas-là, je ne réagis jamais, je le laisse jouer tout seul. Mais on venait de s’engueuler. J’étais tendue, je l’ai giflé. J’ai abusé, j’aurais pas dû. A une époque je ne supportais pas le simple fait qu’il puisse regarder des autres filles. On était un couple explosif. On se hurlait dessus en pleine rue. On se frappait. On faisait l’amour tout le temps, et c’était bon. Peu importe où, peut importe quand, on baisait dès qu’on en avait envie, sans vraiment se soucier des gens. On était des gosses, on voulait tout, tout de suite. Voiture. Champs. Toilettes. Parc. Piscine. Cabine d’essayage. Mon école. Son école. Cinéma. Bains thermaux. Lit. Table. Tapis. Canapé. Douche. Fauteuil...
Rebord de fenêtre. On vivait dangereusement. Il conduisait bourré. On se droguait ensemble. On jouait pendant le sexe, on faisait comme s’il me violait. Il détestait Mom. Je l’ai frappé quand il l’a traitée de connasse. On passait des heures. et des heures. et des heures. et des heures à gueuler. La nuit le plus souvent. Pour rien. Pour tout. Pour des futilités ou pour des tromperies. Il fouillais mon téléphone, mes mails, moi j’en savais rien. Il a trouvé des messages. C’était un mec que je connaissais à peine, roux, qui m’avait envoyé un 'je t’aime'. On était seuls, chez lui, dans sa chambre. Personne d’autre dans la maison. J’étais sur l’ordi. Il avait fouillé mon téléphone, je m’en étais pas rendue compte. Il m’a attrapée. Il m’a mise parterre. Il étais sur moi. Il me serrait. Le visage, la gorge, les bras, tout. Il déformait mon visage avec ses mains pour me rendre laide et pitoyable. Il m’insultait. Je me débattais. Je pouvais rien faire. Il avait le contrôle. Il m’a pas fait mal, mais ma gorge étais enflée le lendemain. Mes yeux et mon visage aussi. Ça m’a choquée.
Il avait 5 ans de plus que moi, mais il étais jeune, vraiment jeune dans sa tête. On vivait une relation passionnée, comme on dit. Elle était extrême. On s’aimait. Enfin, lui en tout cas. Moi aussi, au début. Je savais que c’était dangereux pour moi d’être avec lui. Je voyais plus mes potes. Puis je ne voyais plus mes amies. Puis je ne voyais plus Natalie. Là, j’ai su que c’était le début de la fin. On a pris des shrooms. C’était incroyable. La descente était horrible. Je commençais à avoir ma propre conso de weed. Je fumais seule. Il m’interdisait, mais il était pas au courant.
J’ai arrêté de l’aimer quand j’ai découvert qu’il envoyait des mails à des putes. De vraies putes. Le genre de connasses qui offrent de la baise sur les sites de petites annonces. Des centaines de mails. 'Tu fais combien?' 'Tu suces?' 'Tu pratique la sodomie?' Je lui ai fait un putain de black eye en lui balançant son iPhone à la gueule. Je suis restée avec lui, et j’ai perdu 5 kilos. Quand je pense que j’ai failli garder le bébé.
Je cherche encore pourquoi je suis restée dans cette relation malsaine aussi longtemps.