Jewel

Boxing.

Je suis défoncée à l’heure où j’écris. J’étais dehors avec Natou et son abruti de copain. Elle m’a dit que c’était de la bonne weed alors j’ai fumé. Ca faisait plusieurs semaines que je n’y avais pas touché. J’en avait même pas vraiment envie, je me faisais juste chier. Il commence à faire froid dehors. Je sais pas si c’est la Suisse ou le monde entier, mais moi j’ai froid. Je repense au Texas, à Sierra. 30 putain de degrés toute l’année. Puis je pense à Moscou. -10 putain de degrés. Alors je me dis que la Suisse c’est pas trop mal.

Mom était là quand je suis rentrée. Elle m’a regardée. J’ai encore l’odeur du parfum que Natou avait dans son sac, Poison quelque chose. Une très forte odeur de vanille qui me donne la gerbe. Mom a quand même dû sentir. Elle a vu que mes yeux étaient petits, que j’avais un temps de réaction un peu trop lent. Elle va vouloir me renvoyer à la Métairie. Je m’en fous. Comme d’habitude, je dirai aux psys que tout va bien, que, oui, j’ai arrêté. Ils me feront des tests d’urines, comme d’habitude, comme chez les flics. Ils verront que j’ai menti. Comme d’habitude. Comme chez les flics.

J’ai vu Nay il y a deux jours. Il m’a proposé d’aller dormir chez lui, mais j’étais pas épilée, alors j’ai dit que je pouvais pas. Il me plaît bien. Il a un putain de corps. Il est pas beau, mais c’est mon genre de gars. Espagnol. Boxeur. Il habite pas loin de chez moi. On écoute la même musique, et ça c’est important. Il a l’air sweet, j’ai peur de lui briser le coeur.

Je me sens tellement vide que je ne sens même pas la fumée de ma clope dans ma gorge, mes poumons. Jessie, Amanda, Karina, aucune des trois n’est au courant. Seulement Natalie. Et mes autres potes. Nay ne le sait pas je crois. Il me prendrait pour une faible, et ça je veux pas. Il m’imagine sûrement comme une fille douce, vulnérable, soumise, Une fille, quoi. Plus il va s’approcher, plus je vais m’éloigner. J’ai pas peur de lui. J’ai juste peur que l’histoire se répète. Les filles jalouses me traitent de pute. Les garçons intéressés me traitent d’hystérique et de vénèr. Les autres me traitent de droguée. Je crois que c’est eux qui ont raison.